Ce film, écrit et réalisé au fil de la vie, sans être tout à fait un premier film, y ressemble beaucoup. Il y a presque dix ans, lorsque mon père est mort, j'avais entamé le tournage d'un film sur l'histoire de ses combats qui s'achevait sous mes yeux par « la lutte finale » contre le cancer. Sortie perdante de cette course contre la montre, il m'a fallu faire ce trajet vers la Hongrie de mes ancêtres pour affronter frontalement mes fantômes et redéfinir mon identité propre. Ce film est donc une expérience initiatique avant tout, un processus de deuil en même temps que de formulation cinématographique, l'expression visuelle directe de mon apprentissage à être.

Le premier tronçon du chemin que je présente aujourd'hui s'attache pour l'essentiel à suivre la piste des traces familiales, sur un ton très personnel qui place le « je » au centre du récit, sans toutefois jamais en faire son objet. Les volets suivants seront davantage consacrés à la confrontation politique avec la Hongrie d'aujourd'hui et à la rencontre avec ces générations d'émigrés qui cherchent à s'amarrer par le Retour à des racines mieux dessinées, humus à leur No man's land mondialisé.
