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Pour en savoir plus sur le film "Ce qu'il en reste"...

DECLARATION DU REALISATEUR

Ce film, écrit et réalisé au fil de la vie, sans être tout à fait un premier film, y ressemble beaucoup. Il y a presque dix ans, lorsque mon père est mort, j'avais entamé le tournage d'un film sur l'histoire de ses combats qui s'achevait sous mes yeux par « la lutte finale » contre le cancer. Sortie perdante de cette course contre la montre, il m'a fallu faire ce trajet vers la Hongrie de mes ancêtres pour affronter frontalement mes fantômes et redéfinir mon identité propre. Ce film est donc une expérience initiatique avant tout, un processus de deuil en même temps que de formulation cinématographique, l'expression visuelle directe de mon apprentissage à être.

Au cours des quatre ans que j'ai vécus là-bas, se sont succédées des périodes où je n'ai pas filmé du tout, tout juste pris des notes avec ma petite caméra, et des périodes prolixes où j'avais l'impression de « tout filmer ». Au bout du compte, ce sont environ 150 heures de rushs, qui ont donné naissance à ce premier film de 120 minutes devant faire l'objet d'une suite.

Le premier tronçon du chemin que je présente aujourd'hui s'attache pour l'essentiel à suivre la piste des traces familiales, sur un ton très personnel qui place le « je » au centre du récit, sans toutefois jamais en faire son objet. Les volets suivants seront davantage consacrés à la confrontation politique avec la Hongrie d'aujourd'hui et à la rencontre avec ces générations d'émigrés qui cherchent à s'amarrer par le Retour à des racines mieux dessinées, humus à leur No man's land mondialisé.

Le fil rouge de la trilogie, c'est donc la réconciliation de l'intime et de l'historique, de l'affectif et du politique. A la frange de la fiction, parce que récit, parce que parfois même un peu baroque dans son procédé, le film expérimente des formes de cinéma comme de réflexion ; j'ai voulu prendre à contre-pied le traditionnel documentaire sur les origines et restituer dans l'enveloppe filmique le caractère kaléidoscopique de cette quête identitaire qu'on s'évertue à mon sens trop souvent à vouloir faire rentrer dans une trajectoire de récit linéaire,  proprement improbable. Tisser des liens dans toutes les directions, dans toutes les dimensions, dans le temps, la géographie, la pensée, le Sens : un puzzle à vivre.